Conférence – Repas des tuteurs

Conférence de Patrice Rauch "Arts Métis" *

 

La visite des musées avec nos enfants tutorés présente de nombreux avantages : découverte du patrimoine, approche d’œuvres d’art, enrichissement de leur vocabulaire : c’est une démarche active et interactive.

Pour autant, d’expérience, nous avons dû admettre, être parfois un peu démunis, soit pour les motiver, soit pour répondre sur place, à certaines de leurs questions un peu insolites, car éloignées de l’espace visité…

Patrice Rauch*, ancien de notre association, mais toujours prêt à nous aider dans sa compétence de médiateur culturel, était tout désigné pour nous donner quelques outils utiles à cette démarche.

Nous avons été d’emblée plongés dans une atmosphère culturelle, avec les apports de notre conférencier : très beaux livres d’art pour les enfants, reproductions de portraits, bustes de personnalités…

Il nous proposa donc de partir de ces réflexions :

_Comment accompagner un enfant au musée, au mieux de ses intérêts ?

_Que se passe-t-il lorsqu’on met un enfant devant une œuvre d’art ?

Une expérience ludique pour se mettre en situation nous fut proposée : à partir du regard sur quelques photographies d’un objet « insolite », nous devions associer le mot qui venait à l’esprit…Autant de personnes, autant de propositions diverses… et pourtant les photographies représentaient le même « objet », photographié de différentes façons.

Devant une œuvre d’art, nous avons une représentation qui est, soit universelle (évidente pour tous), toujours culturelle, mais aussi très individualisée, car elle a une dominante émotionnelle.

Il est donc important, en accompagnant un enfant au musée, d’avoir en tête, ces différences dans les références et de laisser l’enfant s’exprimer sur ce qu’il voit de l’œuvre présentée, ce qu’il en ressent, ce à quoi cette œuvre lui fait penser, en mettant dans un premier temps en sourdine, en recul, notre propre savoir, et nos explications. L’enfant peut ainsi nous dire quelque chose de ses références, de ses souvenirs, de ce qu’il a retenu de sa propre culture.

Bien sûr, il attend aussi notre propre vision, des éléments peuvent lui être fournis : « peut être » l’artiste a-t-il voulu exprimer ceci… remettre l’œuvre dans son contexte historique, utiliser les mots appropriés pour la décrire : quelle est sa fabrication : la matière utilisée… avec quels outils…

La préparation à la visite d’un musée est opportune :

Feuilleter en bibliothèque des livres d’art, et questionner l’enfant sur ses préférences, pourquoi,

Évoquer les procédés de fabrication très divers (photos, peinture, collages et les associer à ce qu’il aurait déjà pratiqué)

La présentation du Musée est importante :

Qu’est ce qu’un musée ? ce peut être un monument historique, évoquer l’ancienneté du musée Calvet (hôtel particulier du 18è) ou Lapidaire (ancienne église) C’est un lieu qui contient un regroupement d’objets, à savoir une collection (même dans une boite !) : pourquoi faire une collection, l’enfant en a-t-il déjà fait (collection de cailloux , de galets ?).

D’où vient le désir de collection ? souvent lié au plaisir de la découverte, à la curiosité  (l’ancêtre du musée était appelé  « le cabinet de curiosités »)

La collection du musée Calvet est un legs de M. Esprit CALVET à la ville d’Avignon. Celui ci, originaire d’Avignon (1728 _1810) était un riche médecin passionné par les arts. Désireux de remercier la ville pour son appui, il a souhaité partager avec la population sa passion des belles choses, d’où l’idée de la transmission, dans la fondation .

Bien souvent, les œuvres d’art font appel à des références religieuses : laisser l’enfant exprimer les siennes et rester ouvert et neutre sur les nôtres.

Selon l’intérêt de l’enfant, les visites peuvent être à thèmes : soit des portraits, soit des paysages ou des animaux , toutes les descriptions permettant d’enrichir le stock de vocabulaire de l’enfant.

Nous l’avons bien compris : la visite au musée avec un enfant, plus qu’une occasion de récupérer un savoir, est le moment privilégié du questionnement, qu’il est bon de laisser se développer, car il pousse à l’échange, et à la réflexion.

Une difficulté peut se présenter : l’enfant éprouve le besoin de toucher l’œuvre, le regard seul imposant une retenue et une frustration : il est possible de le contenter, en jouant plus tard à la devinette du toucher : cacher un objet dans un sac, et lui en faire deviner par le toucher seul, les propriétés et la nature.

Cette réflexion nous a été d’autant plus utile, qu’en fin d’année scolaire, nous emmènerons les enfants au musée Lapidaire, avec visite guidée par Patrice de la collection égyptienne… bien intéressante, quand on veut évoquer le thème de la mort, et de ce qu’on imagine de l’après…

Pour nous l’après fut le buffet de pizzas, tartes diverses, et accompagnement de crudités,tout ceci avant de se quitter, la tête pleine de nouvelles idées.

Jeannine Maisonneuve, Martine Gras.